Parmi les textes pour la jeunesse que j'aime en secret, il y les petites histoires d'Heinrich Hoffmann, regroupées sous le titre: Der Struwwelpeter. Bien connu des enfants de langue allemande, la première édition de ce livre date de 1845.
Traduit en français en 1860, par un monsieur Ratisbonne, le titre en était : Pierre l'Ébouriffé, joyeuses histoires et images drolatiques pour les Enfants de 3 à 6 ans. Je sais. Ce qui était drôle hier, ne fait probablement plus rire les institutrices émancipées d'aujourd'hui :)
Je ne pensais pas écrire un billet sur Struwwelpeter, mais suite à une rencontre récente avec un illustrateur, (qui, comme moi, apprécie Hoffmann) je me suis dit: pourquoi pas! Je ne suis donc pas seule à aimer les histoires d'enfants méchants, sévèrement gronder par leurs parents. De me savoir moins seule, ça m'a donné envie de partager ce plaisir trop longtemps caché!
Si vous en avez assez des petites histoires proprettes où tout le monde est gentil et où tout se termine par un câlin, vous aimerez peut être le côté noir et caustique de Hoffman et de ses enfants malfaisants, qui usent de l'allumette, du fouet et du fusil!
Rien de mieux qu'un extrait pour vous donner une idée :
La très triste histoire avec le briquet
Paulinette était seule à la maison,
Les parents étaient tous deux sortis.
Lorsqu’elle sautilla alors dans la chambre
Avec légèreté et chantait et chanta.
Alors vit-elle devant elle debout
Un briquet joli à voir.
« Oh », prononça-t-elle, « oh, si beau et gracieux !
Cela doit être un magnifique jouet,
Je m’allume une brindille,
Comme souvent la mère l’a fait.
Et Minz et Maunz, les chats,
Lèvent leurs griffes.
Ils préviennent avec leurs pattes :
« Le père l’a interdit ! »
Miaou ! Mio ! Miaou ! Mio !
Laisse posé !
Sinon tu brûles de mille feux !
Paulinette n’entend pas les chats !
La brindille brûle toute claire et brillante,
Ça clignote drôlement, craque fort,
Exactement comme vous le regardez sur l’image.
Paulinette pourtant se réjouit beaucoup
Et sauta dans la chambre par-ci par-là.
Pourtant Minz et Maunz, les chats,
Pourtant Minz et Maunz, les chats,
Lèvent leurs griffes.
Ils préviennent avec leurs pattes :
« La mère l’a interdit ! »
Miaou ! Mio ! Miaou ! Mio !
Jette-le ! Sinon tu brûles de mille feux !
Mais aïe ! La flamme touche son habit,
Le tablier brûle, ça brille loin
Brûle la main, brûle le cheveu,
Brûle même tout l’enfant.
Et Minz et Maunz, ceux-ci crient
Très plaintivement à deux
« Par là ! Par là ! Qui aide sur-le-champ ?
En feu se trouve tout l’enfant !
Miaou ! Mio ! Miaou ! Mio !
À l’aide ! l’enfant brûle de mille feux ! »
Qui peut aider sur-le-champ ?
Brûlée est entièrement et tout
La pauvre enfant avec peau et cheveu
Un petit tas de cendres reste seul
Et les deux souliers, si jolis et fins.
Et Minz et Maunz, les petits,
Ceux-ci sont assis ici et pleurent :
Miaou ! Mio ! Miaou ! Mio !
Où sont les pauvres parents ? Où ?
Et leurs larmes coulent
Comme le petit ruisseau sur les prés.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire